Je peux rester sept ou huit mois à avaler les livres sans éprouver le besoin d’en faire une chronique tant je les trouve insipides, et là, jackpot ! quatre d’affilée ont attiré mon attention.
J’ai déjà parlé ici de « La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles » de la grande romancière américaine Joyce Carol Oates et deux autres retours se feront dans la foulée.
Aujourd’hui, je voudrais vous donner envie de lire « Le refuge » d’Alain Beaulieu.
Je vous ai fait la chronique d’un roman qui s’appelait « Les Refuges ». Plusieurs titres de roman comportent le mot « refuge » en fait.
Ce refuge-là dont je vais vous parler est la cabane au Canada chère à Line Renaud.
Cela se situe au Quebec, un petit chalet sans électricité ni eau courante, au bord d’un lac où a eu envie de se réfugier un couple nouvellement retraité.
Anciens professeurs, Antoine et Marie ont mené jusque-là, en ville, une existence paisible et honnête. Ils sont heureux, dans cet habitat rudimentaire, de partager leur temps entre le travail de la terre le matin, le canotage sur le lac paisible l'après-midi et la farniente en chaise longue, en soirée.
Le luxe de la communion avec la nature.
Seulement voilà.
Ce livre, une fiction je précise, soulève un véritable cas de conscience. Son thème rejoint celui abordé par un de nos candidats à la présidentielle : « la défense excusable ».
Peut-on faire justice soi-même ?
Car ce couple paisible de retraités va se retrouver assassin du jour au lendemain.
Une nuit, ils sont tirés de leur sommeil par une voix qui leur crie à travers la porte : « vite, vite, sortez, il y a le feu dans la forêt toute proche ! ». Ni une, ni deux, le couple se rue vers la sortie et est stoppé net par deux individus cagoulés. Là, ils vont subir ce qu’a subi dernièrement le couple Tapie. Tabassage en règle pour obtenir d’eux la cachette du magot.
Une fois celui-ci dévoilé, maigre butin à dire vrai, les lascars prennent la fuite.
Antoine, dont la femme est encore évanouie, se précipite sur sa carabine rangée dans le placard, leur court après et dans un accès de fureur et de peur mêlées, tire dans le dos de l’un des voleurs tandis que l’autre réussit à prendre la fuite.
Horrifié de ce qui a été fait, incapable de se livrer à la justice, (il ne s'agit pas de légitime défense puisque les assaillants s'en allaient), le couple enterre le corps en forêt.
C’est le début du livre, tout le reste repose sur « l’après ». Les conséquences du meurtre avec ses suspens et ses revirements. Intrigue haletante, je vous le promets.
Comment des personnes dont la vie a été jusqu’ici exemplaire, déroulée dans la plus parfaite droiture, peuvent vivre avec un tel poids sur la conscience ?
Comment vit-on avec des évènements auxquels on a répondu (et pas de la bonne manière) de manière impulsive ?
C’est le sujet du livre. A vos réflexions Messieurs-Dames, vous avez deux heures.
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